Red Bull n'est pas mort, Mercedes saute dans le vide

Le deuxième Grand-Prix de cette saison 2022 a eu lieu à Djeddah, et celui-ci était proche de tourner au scandale. Mais avant la polémique, jetons un œil au contexte. Vendredi après-midi, durant les essais, la tension a laissé place à l'effroi sur le circuit de Djeddah. Voyant de là fumée accompagnée d'une odeur de brûlé, Max Verstappen a d'abord pensé que celle-ci venait de son moteur, avant que son ingénieur ne le rassure. Mais une fois sorti de son baquet, le Néerlandais a vite compris qu'il n'y avait rien de rassurant: un réservoir de pétrole d'Aramco (pétrolier saoudien, sponsor principal de la F1) a pris feu et ceci à cause d'un tir de missile. L'attaque est pour l'instant revendiquée par les Houthis (groupe indépendantiste yéménite), probablement que ceux-ci profite de l'événement de propagande saoudien pour attirer l'attention sur les attaques menées par Ryadh et Washington au Yémen.

La FIA a logiquement convoqué pilotes et équipes pour déterminer si le côté sportif avait encore sa place dans ce contexte. D'abord opposés, à juste titre, à la tenue du Grand-Prix, Lewis Hamilton (Mercedes), George Russell (Mercedes), Fernando Alonso (Alpine), Pierre Gasly (AlphaTauri) et Sebastian Vettel (Aston Martin, absent pour covid) ont été forcés de rentrer dans le rang en raison des pressions politico-financières.

Une fois tout le monde reposé, les qualifications de ce deuxième Grand-Prix d'Arabie Saoudite ont été pour le moins mouvementées. Dès la Q1 (premier tour où les cinq plus lents sont écartés), Lewis Hamilton s'est distingué, une fois n'est pas coutume, par sa lenteur. Pour la première fois depuis Silverstone 2009, le Britannique n'a pas atteint le Top 15. Il n'a pourtant pas connu de problème technique ni de pénalité mais n'est pas parvenu à s'adapter à ses réglages.

Le comportement de la voiture ne me convenait plus du tout, l'équilibre était vraiment problématique.

Lewis Hamilton a semblé désemparé tout au long du week-end

Qualifié en Q2 (deuxième tour, seuls les 10 premiers passent en Q3) pour la deuxième fois de la saison et de sa carrière, Mick Schumacher a commis une légère erreur dans le virage 10 qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Comme après le crash de Romain Grosjean en 2020, les informations sont arrivées au compte-goutte, ce qui n'est jamais bon signe. Après une bonne heure d'attente, la piste a été remise en état et Haas a annoncé que Mick était conscient, qu'il n'avait aucune blessure apparente mais était transféré (en hélicoptère) pour quelques contrôles de sécurité. Au terme d'une session très tendue c'est le Mexicain Sergio Perez (Red Bull) qui a pris la première pole position de sa carrière devant les deux Ferrari et Max Verstappen.

Au moment d'être évacuée, la VF-22 de Schumacher a été brisée en trois morceaux

Etonnamment calme, le départ a tout de même vu le Néerlandais prendre la troisième place à Carlos Sainz. Jamais réputée pour sa grande stratégie, la Scuderia a montré un visage surprenant ce dimanche: après une quinzaine de tour, Charles Leclerc (alors 2ème) entend le message ''Box to overtake'' (rentre pour des pneus neufs, pour dépasser). Pour ne pas perdre de temps sur cette stratégie agressive, Perez plonge dans les stands mais Leclerc reste en piste. Le Mexicain se retrouve donc quatrième avec des pneus neufs, derrière trois voitures aux pneus usés (Leclerc, Verstappen, Sainz), mais Leclerc a réussi sa feinte: faire croire à un arrêt prévu pour que le rival rentre, mais finalement rester en piste et être physiquement en tête. Cette action se révèle être un coup de poker gagnant lorsque, trois tours plus tard, la voiture de sécurité est déployée (crash de Latifi, Williams) et que le pilote Ferrari peut changer ses pneus sans perdre une seconde.

L'autre moitié de la course nous offre alors une bataille entre la Ferrari de Leclerc et la Red Bull de Verstappen, dont le taureau néerlandais sortira vainqueur de deux petits dixièmes. Carlos Sainz complète le podium devant Perez, Russell (Mercedes), Ocon (Alpine), Norris (McLaren), Gasly (AlphaTauri) et Magnussen (Haas), alors que le revenant Lewis Hamilton (Mercedes) ne prend qu'un maigre petit point.

Seules treize des vingt voitures ont terminé ce Grand-Prix: Mick Schumacher n'a pas pu prendre le départ, sa monoplace n'étant pas réparée, Nicholas Latifi a heurté un mur au 18e tour, et Alexander Albon (Williams), Valtteri Bottas (Alfa Romeo), Fernando Alonso (Alpine), Yuki Tsunoda (AlphaTauri) et Daniel Ricciardo (McLaren) ont été victimes de problèmes moteurs.

Avec cette première victoire de la saison, Verstappen remonte en troisième position derrière les deux Ferrari et suivi des Mercedes, c'est donc la Scuderia qui mène le classement par équipes devant Flèches d'Argent et Taureaux. Très performantes cette saison, Haas est en 5ème position, alors que McLaren et Aston Martin s'effondrent (8e et 9e).