King Lewis, un silence assourdissant
- Ilan Benoit

- 24 janv. 2022
- 4 min de lecture
Alors qu'il tenter de monter seul sur un incontestable trône de fer, le chevalier de l'Empire Britannique a glissé sur la dernière marche. Depuis le mois de décembre il semble avoir disparu des radars et s'être retiré dans sa grotte pour méditer. Deux grandes questions se posent alors: ''Une retraite se dessine à l'horizon, va-t-il l'éviter ou descendre du navire?'' et ''En cas de départ, qui pour le remplacer?''.

Son nouvel anoblissement fût, à ce jour, sa dernière apparition médiatique
A la première, j'aurais tendance à répondre que sa motivation est légendaire. Mentalement, Hamilton est un roc. Il a essuyé de nombreuses défaites et s'en est toujours relevé, ne devenant que plus puissant. Lors de sa première saison (2007) il menait à l'aube de la dernière épreuve (un exploit encore jamais égalé) mais concédait ce qui fût l'unique couronne de ''Papy Räikkönen'' puis se vengeait l'année d'après sur Felipe Massa. De 2010 à 2013, ses McLaren puis Mercedes ne lui permettaient pas d'affronter le grand Vettel, Lewis enchainait en 2014&2015 avec les premiers titres de Mercedes. En 2016, son coéquipier Rosberg donnait ses dernières forces pour réaliser son rêve et, exténué, prenait le trophée et annonçait une retraite immédiate (malgré deux années de contrat supplémentaires), Hamilton montrait entre 2017 et 2020 une domination inédite pour égaler Schumacher.
Mais voilà qu'un jeune Néerlandais, plein de talent, de fougue et de confiance, vient contester son territoire: le Lion Verstappen s'auto-proclame légende et ceci dans la controverse. Depuis le 12 décembre dernier, Hamilton n'a eu pour seule apparition publique son anoblissement au rang de ''Knight Bachelor'' et son absence des réseaux sociaux est fantomatique: aucune activité et aucun compte suivi ou consulter depuis décembre sur Twitter comme Instagram. Il fuit également la presse, une absence compensée par les maladroites déclarations de son équipe et de ses proches. Il semble fatigué, écœuré, indigné... Et si ces sentiments prennent le dessus sur sa passion, le Britannique pourrait annoncer une retraite anticipée avant le printemps. L'an dernier déjà, il avait fait trainer les choses avant de prolonger mais maintenant qu'il est sous contrat jusqu'à fin 2022, cette controverse d'Abu Dhabi l'a fortement heurté et indigné, on a compris à son attitude qu'il songeait sérieusement à se retirer.

Le Britannique n'a pas réussi à cacher sa tristesse après le Grand-Prix d'Abu Dhabi
Le natif de Stevenage n'a jamais su mentir. Bien sûr, il maitrise sûrement ''l'art'' de la malhonnêteté verbale comme tout un chacun, mais son attitude, sa gestuelle, son comportement ne trompent pas et, ces derniers mois, on a bien vu qu'il n'avait plus cette flamme, qu'il ne lui restaient comme seules forces celles d'aller chercher cette 8ème couronne, visiblement insuffisantes.
Il faut toutefois nuancer cela. Ce n'est pas la première fois qu'il se dit épuisé, dégoûté, hésitant. Après chaque revers, il est revenu beaucoup plus fort. Sa force de travail est exceptionnelle et je ne le vois pas vraiment partir sur une défaite, mais plutôt rester un ou deux ans et se retirer dès son 8ème sacre glané. S'il avait battu Max cette année, je suis convaincu que cette article n'aurait pas lieu d'être et que la légende se serait déjà retirée. La tentation de découvrir ces nouvelles voitures inédites, visiter le tout neuf circuit de Miami et découvrir le réel niveau de son nouvel équipier (Russell) semble être suffisamment forte pour le garder en piste.
Dans l'éventualité ou, finalement, Lewis prendrait sa retraite se poserait la question: ''qui pour épauler George Russell?'' Et là aussi, quelques possibilités émergent.
Sebastian Vettel: pilote n°1 d'Aston Martin (partenaire de Mercedes), son contrat pourrait vite être brisé. Il serait le meilleur remplaçant possible avec ses quatre titres, son expérience, et tout fan de F1 serait ému de voir l'Allemand se battre à nouveau pour un titre.
Pierre Gasly: en dehors des résultats, voici un autre nom qui ferait chaud au cœur. Rejeté par Red Bull en seulement si mois (2019), il a passé les deux dernières années à porter AlphaTauri, monter sur des podiums et battre systématiquement la deuxième Red Bull. Gagnant en charisme, il commence à se lâcher dans la presse comme après les qualifications de Zandvoort :
Quand je fais le meilleur début de saison de l'histoire d'AlphaTauri/Toro Rosso, tous pilotes confondus et que Sergio Pérez (2ème pilote Red Bull) est à la traine mais est renouvelé, il y a des choses que je ne comprends pas.
QuNyck de Vries: le Néerlandais serait également une option rêvée. Champion du monde de Formule 2 (2019) et de Formule E (2021), il est incroyablement talentueux et est l'un des seuls champions de F2 à n'avoir jamais eu sa chance en catégorie reine. L'expérience acquise en électrique lui permettrait un très bon timing. Son contrat dans la catégorie sœur peut être facilement brisé, étant donné qu'il pilote chez… Mercedes.

Quick Nyck est un talent incroyable qui, depuis 2020, mérite sa chance en F1
Nico Hülkenberg: il est l'un des pilotes les plus difficiles à cerner. Ayant fait ses classes avec un titre de Formule 2, il s'imposait peu à peu chez Force India avant d'être remplacé par Esteban Ocon puis trouvait refuge chez Renault. C'est dans l'écurie française qu'il rencontra enfin de l'adversité en son coéquipier: Daniel Ricciardo avant de perdre sa place au profit d'un jeune français nommé... Esteban Ocon. L'Allemand possède un triste record: celui du plus grand nombre de courses disputées sans le moindre podium. Il nourrissait d'ailleurs, de 2016 à 2019, un violente rivalité avec Kevin Magnussen (Haas), pilote danois dont le profil est similaire (3ème lors de sa première course puis aucun autre podium, n'a jamais eu de chance ni de voiture performante). Si les statistiques ne Nico ne sont que peu encourageantes (il n'a jamais été classé dans le Top 6 en championnat), cela est en partie dû à sa poisse monumentale qui lui a fait perdre une bonne dizaine de podiums et victoires sur des pannes. En revanche son talent aurait dû lui offrir une voiture capable de lutter pour des plus gros points. Il aurait la maîtrise nécessaire pour une Mercedes, je remettrait peut-être en question sa gestion du stress et de la pression.

Le visage auquel Hülkenberg nous a habitué a toujours été celui de la déception
Vettel me semble être la meilleure option (multiple vainqueur et champion) mais la plus crédible et raisonnable serait probablement la piste Gasly ou de Vries: un pilote jeune, au talent exceptionnel, et qui pourra rester au moins 3-4 ans au top niveau.





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