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''Checo'' Perez triomphe à Monaco

Quelle course! Quel week-end! Monaco a longtemps été critiqué par des fans de F1 qui n'accordent aucune importance à l'histoire, en raison d'un manque de spectacle dû au poids (798 kg, 600 kg en 2000, 505 kg en 1990) et à la taille (5,40m de long et 2m de large, 4,4m pour 1,8m en 2000) de ces camions.

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Perez fêtant sa première victoire dans la piscine de l'Energy Station Red Bull

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On pourrait croire que Charles Leclerc est frappé par une malédiction, qui l'a, jusqu'à cette année, empêché de terminer la moindre course à domicile: problème de suspension (course 1) et d'électronique (course 2) en Formule 2 (2017), rupture de freins sur sa Sauber en 2018, accident avec sa Ferrari en 2019, course annulée en 2020, puis en 2021, son crash en qualification (juste après avoir signé la pole) l'empêche de prendre le départ. Même le Grand-Prix historique lui a fait défaut; une rupture de freins sur la mythique Ferrari 312 T (1975) de Niki Lauda et Clay Regazzoni l'envoie dans le mur. Couplée au retard comptable et à son statut de plus grande star locale, cette ''malédiction'' a mis Ferrari dans une situation de ''défaite interdite''.

L'enfant du pays s'est montré ultra dominateur en essais devant un Sainz en regain de confiance et des Red Bull trainantes. En début de Q3, Leclerc a signé un bon premier temps. Celui-ci sert à la fois de marque pour savoir où l'on doit améliorer et de combien de temps, et de sécurité dans le cas où le deuxième tour (qui est normalement le meilleur) serait raté.

Dans le virage du portier, Sergio Perez (Red Bull) commet une bête erreur; un trop gros coup d'accélérateur l'envoie en tête-à-queue dans le mur, bloquant Carlos Sainz et Max Verstappen derrière lui. Le drapeau rouge est déployé et annonce la fin de la session, synonyme d'une deuxième pole consécutive à Monaco pour Charles Leclerc. Il est suivi de son lieutenant Sainz et des Red Bull (Perez devant Verstappen).

Il est une chose que tous les fans espèrent chaque année à Monaco; la pluie. L'étroitesse de la piste rendant le spectacle plus rare, un goudron mouillé multiplie les risques d'erreurs et double l'importance déjà grande de la stratégie. Si elle retarde cette fois le départ de 1h15, elle laisse les vingt montures bien penaudes sur une piste détrempée. La chaleur donnera ensuite l'asphalte le plus piégeux qui soit; une route séchante où les pneus pluies sont trop lents, les pneus slicks patinent, mais s'arrêter dans les stands pour chausser des intermédiaires vous coûte une vingtaine de secondes.

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Après une départ derrière la voiture de sécurité, le local de l'épreuve s'occupe de creuser un important écart mais, stratégiquement, Ferrari reste Ferrari; un groupe de brillants ingénieurs que la pression historique réduit parfois au niveau de débutants. Les stratégistes de l'équipe sont même caricaturés comme clowns.

Une fois l'averse écartée, Pierre Gasly (AlphaTauri) puis Sergio Perez tentent le pari des pneus intermédiaires, un coup de poker qui permet au Mexicain d'être plus rapides que ses opposants de cinq secondes au tour. Prévoyant de ne s'arrêter qu'une seule fois pour passer directement des pneus pluie aux slicks, Leclerc et Verstappen plongent dans les stands et ressortent derrière leurs coéquipiers respectifs.

Trop lent sur ses vieux pneus rainurés, Sainz s'arrête et perd la tête de course au profit de Sergio Perez lorsqu'intervient le drapeau rouge. Mick Schumacher (Haas) rassure vite son équipe après un violent crash: du patinage dans la section de la piscine l'envoie violemment dans le mur, où sa VF-23 se disloque.

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Le reste de la course est moins passionnant. En larmes sur le podium durant l'hymne mexicain, Sergio Perez remporte la troisième victoire de sa carrière, sa première sur le rocher. Il confirme ainsi son statut de grand pilote et d'excellent équipier de Max Verstappen, capable de le remplacer au besoin. Carlos Sainz peut rentrer heureux à Maranello avec son trophée argenté, même si le fait d'être passé une nouvelle fois si proche de sa première victoire à cause de la stratégie lui donne un goût amer. Peu performant, Max Verstappen réussit tout de même un bon week-end; plus de points marqués que Charles Leclerc dans le championnat pilotes, plus pour Red Bull que Ferrari aux constructeurs.

Leclerc est l'échec de cette course. Le voici 4e après une course sans la moindre erreur en piste uniquement gâchée par la stratégie. L'un des meilleurs exemples est l'arrêt aux stands au 21 tour: Sainz s'arrête et l'ingénieur du Monégasque fait l'erreur de l'appeler également (si les deux pilotes rentrent au même tour, celui de derrière doit attendre durant 2-3 secondes) avant de se corriger et de lui dire ''Stay out! Stay out!'' (Reste en piste), ce à quoi Leclerc répondra poliment ''F******k!!''. Extrait de la caméra dans son casque: https://www.youtube.com/watch?v=rMDpPJC5mIg

Une fois de plus, George Russell devance son équipier: une leçon du jeune loup sur le maître qui tourne bientôt au ridicule (34 points d'avance).

La principauté et l'ACM (Automobile Club de Monaco) ont toujours été connus pour leur tête dure en matière de négociations. Depuis quelques années, Monaco est le seul circuit à ne pas payer pour faire venir la F1 et c'est même l'inverse: la FOM (Formula One Management) débourserait environ 15M € annuels pour occuper les rues de la ville alors qu'elle en encaisse 60 de la part du gouvernement saoudien. En dehors de cela il s'agit du seul Grand-Prix où la réalisation TV n'est pas celle de la diffusion officielle F1TV, mais une réalisation privée monégasque qui ne convainc absolument pas. Monaco avait carrément signé des accords avec la BBC, chaine qui ne diffuse aujourd'hui que ce Grand-Prix sur toute la saison, alors que ces discussion ont toujours eu lieu sans l'aval de la FOM.

C'est donc un électron libre qui considère que les règles et le fonctionnement de la F1 ne s'appliquent pas dans ces rues . Cela s'ajoute au spectacle limité : les rues étroites rendent les dépassements presque impossibles, la pole position fait déjà 50% du travail pour la victoire.

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L'an prochain, Shangaï reviendra au calendrier (dernier GP en 2019, avant Covid) et un nouveau Grand-Prix aura lieu à Las Vegas, portant le total à 24. Des circuits comme Hockenheim (Allemagne), Portimao (Portugal) ou surtout Kyalami (Afrique du Sud) pourraient vient faire leur retour. Les courses historiques européennes qui ne sont pas soutenues par des ''nations prospères ayant bâti leur réussite sur des énergies nouvelles et écologiques'', comprenez des dictatures pétrolières, sont alors menacées. La Belgique, la France, l'Espagne ou Monaco pourraient donc disparaître en 2023.

Les raisons de retirer ce circuit du calendrier sont nombreuse mais une seule justifie à elle-même de le garder: c'est Monaco. Aussi simple que cela puisse paraître, la F1 a autant besoin de Monaco que l'inverse. Sans la principauté, la crédibilité de ce sport serait la même que sans Ferrari, que le football sans Ligue des Champions, que le hockey sur glace sans NHL. Il y a besoin, chaque année, de cette course insensée et exotique, de ce frisson. Si Monaco disparait, la pâle copie de propagande qu'est Miami n'a plus raison d'être.

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Stefano Domenicalli (président de la FOM, deuxième depuis la droite) et le prince Albert II (à sa gauche) auront du travail de négociations durant les prochains mois. Ils posent notamment avec Mohammed bin Sulayem (troisième de la gauche, président de la FIA).






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